jeudi 16 mai 2019

APHP's Anatomy


Si vous ne savez pas quoi faire samedi avec vos mouflets, emmenez-les à l'hôpital. Bonne nouvelle, pour une fois, il vous sera inutile de leur casser un tibia. Ne me remerciez pas, c'est cadeau.
En effet, ce week-end les métiers du soin font "portes ouvertes": premiers secours, radiologie, et même chirurgie comme dans la vraie vie de Mérédith Grey.
Pour vous qui avez passé vos soirées devant des brancards filant à toute allure dans des couloirs circulaires sans savoir ce que "15cc" veut dire, ce sera enfin l'occasion de percer le mystère. Peut-être une revanche sur la vie aussi, puisque jusqu'ici vous aviez plutôt l'habitude de franchir la porte du bloc, allongé.e, sans culotte, avec un bonnet sur la tête. Aujourd'hui, avec une dignité toute verticale, vous pourrez garder vos vêtements, manger des Granola juste avant d'affronter le chirurgien, compter jusqu'à 10 sans tomber dans les vapes, et tout ça sans baver.
Avec un peu de chance, la visite sera interrompue par un accident grave, un arrivage de grand brûlé ou une greffe cœur-poumon à effectuer sans attendre. Vous serez évacués dans le plus grand désordre, votre journée sera totalement chamboulée mais ce happening aura considérablement amélioré la visite. Passer de la théorie à la pratique en un temps si court, c'est tout de même fabuleux. Vous rentrerez chez vous avec la vague impression d'en savoir un peu plus, de faire partie de l'équipe.
Et figurez-vous que c'est le but.
En effet, si l'assistance publique, qui est elle même en situation d'urgence, propose des visites guidées, c'est pour susciter des vocations. Les métiers du soins sont de beaux métiers si tant est qu'on les présente bien. Les infirmières pansent, apaisent, réparent. Connaitre leur rôle c'est aussi leur éviter de se prendre des claques et des mains au panier. Les médecins prescrivent, analysent, traitent. Connaitre leurs spécialités c'est se donner une chance d'aller au bon endroit, au bon moment, avec les bonnes questions.
L'hôpital se meure, mais son cœur bat.

mardi 19 septembre 2017

Mauvaise impression

J’ai acheté une imprimante chez Darty. Jusqu’ici rien d’exceptionnel. Je me félicitais d’avoir fait une affaire en or puisqu’avec les réductions et la livraison gratuite je me trouvais virtuellement à la tête d’une multifonction laser pouvant potentiellement faire grille pain et machine à café en wifi pour la modique somme de 63€.
Comme je suis supérieurement intelligente, et surtout très soucieuse du bien être de mon prochain, j’avais pris soin de commander l’objet 3 jours avant mon retour de vacances. Ainsi, le carton qui avait assez peu de chance de mesurer moins de 28m3 n’encombrerait pas la loge de mon gentil gardien plus de temps que nécessaire. Altruiste on vous dit.
Comme prévu je rentre de vacances. Je suis bronzée, reposée, souriante. Je déteste Paris, la grisaille et la pluie mais je fais avec. Dring, bonjour Monsieur le gentil gardien, je viens récupérer mon carton très lourd et très gros et très lourd et très gros et très lourd. Pas de problème Madame la gentille habitante, je vous prête mon chariot. Comme c’est aimable, je vous le rapporte illico. Un aller retour rapide plus tard me voici face à la boite en carton. Cutter en main je m’apprête à déballer mon cadeau à moi que je me suis fait toute seule. Joie joie joie. Chirurgienne du scotch je fais une entaille bien droite, j’ouvre et… waaa 2 déchiqueteuses !
J’ai l’impression de revivre une livraison La Redoute mais en pire. Au moins quand on commande là-bas on sait que ça va être moche. C’est au moment où c’est joli qu’on est surprise. Pas l’inverse.
Je vais en faire quoi de ces engins là ? Non seulement ça n’imprime pas (ou alors c’est illisible) mais en plus ça ne fait pas le café.
J’appelle le service client. Celui qui fait la renommée de la fameuse enseigne.
« Bonjour j’ai reçu la commande de quelqu’un d’autre »
« Ah vous pouvez me donner votre numéro de commande ? »
« oui »
« et le numéro de l’autre commande ? »
« oui »
« ah d’accord, alors on va faire une enquête »
« euh, quelle enquête ? vous avez tous les numéros, vous m’envoyez un bon de retour, je vous renvoie les déchiqueteuses, vous m’expédiez mon imprimante. Basta . Et ça dure combien de temps d’abord votre enquête ? »
« Environ 7 jours. Si vous n’avez pas de nos nouvelles sous 10 jours vous nous recontactez et on verra ce qu’on peut faire. Vous avez d’autres questions ? »

Là spontanément ma question c’était : est ce que tu te fous de ma gueule ? Mais bizarrement j’ai bifurqué dans le pratique, le concret, la loi Carrez.

« Vous pensez que j’habite dans un 200m2 ? Je le mets où moi le carton pendant que vous faites votre enquête ? Je vous ai donné tous les numéros. Ca vous prend une semaine pour croiser des données ? »
« Désolée je ne peux rien faire de plus pour le moment. Vous avez d’autres questions ? »

Là j’avais : Où t’habites connasse que je vienne te buter mais je l’ai dit très fort dans ma tête.
La nuit porte conseil et j’ai contacté les déchiqueteurs. Avec un peu de chance ils avaient peut être mon imprimante. Bingo. La gentille dame du téléphone me dit qu’elle aussi a appelé Darty, leur a donné tous les numéros, et a reçu la réponse de l’enquête.
Ca y est c’est officiel, nous avons affaire à une armée de bras cassés.

Quelques appels surtaxés plus tard, je finis par joindre un prix Nobel qui accepte de m’envoyer par mail un bon de retour. Super je vais enfin déblayer mon salon. Mais à part ça jeune crétin, le mail en question, je l’imprime ou je le recopie ?

Bien, ça c’est fait. Reste plus qu’à attendre ma commande. Ah tiens la voilà. 15 jours plus tard mais la voilà quand même. Oh comme elle est belle. Oh comme je l’aime d’amour et comme elle est facile à brancher. Mais oh sapristi, pourquoi le scan n’apparaît pas sur le bureau ? J’ai tout bien installé avec le disque et tout. Rabbi Google dis moi comment faire ou sinon je prends une hache et je tue quelqu’un.
Ah ok il faut avoir fait l’école de Xavier Niel (m’enfou du nom) pour convertir le logiciel qui n’est fait que pour les PC. Ils ne pouvaient pas l’écrire sur leur site ces enculés de putain de connard de merde de chiotte de Mélenchon de Darty de ta race. Oups sciouze maï french. Je remets tout dans le carton. Mais pas le gros carton marron. Non. Le carton Samsung, celui où tout rentre au chausse pied. Celui qui est rempli par des enfants de 7 ans aux doigts fins comme des baguettes. Quand vous l’ouvrez tout est bien à sa place et évidemment vous ne prenez pas de photo comme dans les Experts Miami, au cas où. Résultat quand vous devez tout remettre dedans, ça ne rentre plus, ça gondole, ça bourre. Finalement tout y est. Les fils, le mode d’emploi en 48 langues, tout. Maintenant il faut caler le gros truc en polystyrène. Si ça ne passe pas au millimètre, le carton ne fermera jamais de la vie entière. Alors forcément ça rentre à droite mais jamais à gauche. Alors vous le tournez, et là ça marche. Mais pas devant. Votre père vous a appris qu’il ne faut pas forcer. Alors vous ne forcez pas. Vous réfléchissez. Vous pensez qu’un bon coup de savate ferait bien l’affaire. Mais non, et en plus vous seriez capable de vous casser un orteil. Allez dernier essai. Bien droit le truc et on pousse vers le bas. Poussez madame poussez. Et ça descend, youpi. Vous fermez le carton avant que le polymachin change d’avis. Scotch, scotch. Pourvu que vous n’ayez rien oublié, genre le cd d’installation. Non c’est bon.
Maintenant il faut le rapporter à la Poste. 800kg à mains nues. Pas de problème, au point où on en est. Mais pas tout de suite quand même parce que d’abord j’ai pas que ça à faire et en plus j’ai faim.

Donc petite pause. Le temps de préparer un déjeuner équilibré, c’est à dire de mettre du Nutella dans un pain au lait, et j’entends le ding de ma boite mail. Ah tiens, et si c’était Mickael Fassbender qui m’envoyait encore un message de supplication du type : si tu reviens j’annule tout. Ca me soule un peu mais je vais quand même regarder, on ne sait jamais.
Ah non, surprise ce n’est pas Mickael. Heureusement d’ailleurs parce que ça m’aurait posé un sacré problème de conscience. Non, là ce sont mes copains en gilets rouges qui me préviennent de la livraison imminente de ma commande.
Donc si je résume. Je commande une imprimante, je reçois deux déchiqueteuses que je ne peux renvoyer que sous la menace d’un homicide de masse, puis je reçois une imprimante inutilisable que je ne peux renvoyer qu’à la condition de me faire pousser 120 kg de muscles en 3h et maintenant je vais recevoir la même imprimante inutilisable que je n’ai évidemment pas commandée puisque je ne veux pas avoir à la renvoyer.
Alors Darty, comment te dire… ?

« Mais tu sais Sandra tu peux refuser le colis quand il va arriver. »
« C’est vrai, je sais. Sauf que quand je tape le numéro de suivi sur le site de la Poste il est indiqué comme étant livré. »
« Ah bon mais ils l’auraient livré quand ? »
« Le 14. »
« Mais tu l’as reçu quand le mail ? »
« Le 18. »
« Et tu as appelé le service client ? »
« Oui, ils ont dit qu’ils allaient faire une « enquête »… »



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lundi 16 mars 2015

On est pas bien là? A la fraîche, détendues des pieds?

J'ai découvert, une ère après tout le monde, l'espadrille Chanel. Cet étourdissement émotionnel, comme toutes les révélations tardives, se mesure au nombre d'années qui le précèdent. Sans dévoiler mon âge, je dirais juste qu'il commence par quarante et qu'il finit par un. Immense fût donc la joie.

Rappelons brièvement le patrimoine génétique de la cordeuse (amis dramaturges bonjour). Née en Espagne à l'époque où l'on mangeait uniquement bio parce que les pesticides n'existaient pas et que c'était mieux au XIVème siècle, l'espadrille fait partie d'un costume traditionnel totalement importable que même Olivier Rousteing n'arriverait pas à imposer à un frontow aux pommettes cousues main et dans l'impossibilité totale de sourire sous peine de fente anale. Puis on l'a vue aux pieds des pelotteurs basques, des boulistes sudistes, et des belotistes de tous bords. De la classe, du raffinement, de la tenue et jamais d'auréoles sous les bras. Jamais. Chanel la frondeuse s'est donc immédiatement engouffrée dans la brèche. 2 C qui se croisent c'est aussi 2 anneaux qui se retrouvent, 2 maillons brisés qui s'unissent enfin. Chanel est une marque populaire alors à défaut de célébrer cette étreinte autour d'un cocktail Pastis-Champagne follement typique et fabuleusement rafraîchissant, la rue Cambon a accouché du soulier idéal pour se la jouer cool à St Barth. Idéal également pour planquer une pédicure en fin de vie, car si ce n'était pas le cas, le pied serait soit nu (on est en vacances oui ou merde) soit en Havaïnas parce que le ponton ça brule et que par ailleurs il y avait une édition limitée Gisèle feat Beyoncé. Edition vintage de surcroit puisque Gisèle est maintenant chez Chanel. (Les liens du sang ne mentent jamais. Cœur avec les doigts)

La femme Chanel est une femme de goût. Elle portera donc ses espadrilles écrasées aux talons, assorties d'une tunique loose et d'un panier tressé. Une sorte de "je t'en supplie fais pas gaffe à mes cheveux, j'ai passé une nuit pas possible, j'ai la dalle, tu peux me faire un jambon cheese, ou même un homard grillé je m'en fout".

Et puisque la femme Chanel qui est détendue des orteils n'en est pas moins une femme de son temps, on en vient toujours à la même conclusion:

dimanche 8 février 2015

Le bonheur en dose d'essai



J'aime beaucoup les échantillons dans les magazines. Moi je lis plutôt la presse féminine, celle où l'on distribue du fond de teint, du shampoing et du mascara censé allonger tes vrais cils jusqu'à ce qu'ils paraissent faux. J'imagine que si je lisais Auto-Moto, je récolterais des magnets Claudia Schiffer, des lingettes de polish, ou des sapins parfumés à l'envie de vomir. En fait ça n'a aucune importance car ce que je préfère dans l'échantillon, c'est la colle. Oui, l'espèce de colle bizarre qui s'étire tout doucement et qui laisse une marque grasse sur le papier quand elle a fini son travail. Cette matière mi-silicone, mi-UHU qui se transforme si parfaitement en fausse crotte de nez à la minute où elle quitte la page beauté de votre magazine. Imaginez: Il est 12h03, et Eva Longoria à peine photoshopée, vous offre sa crinière brune et le secret qui va avec parce qu'elle estime que vous le valez bien. Sympa Eva. Vous tirez sur le secret. Mais tout doucement, parce que c'est comme quand on lèche le chocolat entre les 2 biscuits du Prince (on s'en reparlera, pas de panique) il faut faire doucement, sinon c'est pécher, c'est un massacre, un sacrilège, un motif d'emprisonnement. Et puis surtout, ça casse la colle et ça déchire la page. Bref, vous avez décollé l'échantillon tout doucement, vous avez laissé la bonne petite marque bien grasse sur la bajoue à Vava, et bam, 12h04, la boulette fait choinkchoinkchoink entre vos doigts potelés. Vous allez le garder l'échantillon. Evidemment. Parce que vous aimez bien Eva Longoria, et puis en plus elle a de beaux cheveux. Mais quand vous serez sous votre douche et que vous aurez bataillé sévère pour ouvrir le petit sachet qui brille (doigts tout mouillés + savon + encoche invisible), que vous sentirez bon le propre et les studios Hollywoodiens, alors vous vous sentirez star, vous vous sentirez belle, vous vous sentirez bien. Oui c'est vrai. Peut être même que vous vous ferez un brushing en secouant la tête de droite à gauche, et en faisant des petits bruits comme ça: Ahahhhhaaa. Mais vous ne serez jamais aussi heureuse qu'au moment où vous referez une autre petite boulette de crotte-en-colle. Non, jamais.


A part ça, dans le genre échantillon, l'illustration que vous voyez plus haut est issue du travail de mon amie Vesna Vuckovitch. 

mercredi 14 janvier 2015

Charlie par ci, Charlie par là


Depuis plusieurs jours tout le monde s'appelle Charlie. C'est comme ça, il y a des modes. Rappelez-vous, il y a quelques années, on avait eu une recrudescence de Kevin après la sortie de Danse avec les Loups. Il faut vivre avec son temps comme on dit, mais là c'est un peu moins dansant comme concept. 
Les gens s'aiment au point de s'appeler tous pareil. Ici c'est tout ou rien. C'est un peu bizarre mais ok, pourquoi pas. Dans un sens c'est mieux dans ce sens. 
Me voici donc à la caisse de la FNAC face à un être mi-homme mi-rien arborant un badge "Je suis Charlie" en lieu et place de celui mentionnant son nom de baptême, Kevin probablement. Je nous évite à tout les deux la vanne superflue et je débarrasse très vite le plancher avec Jane Austen au bout du bras, qui heureusement n'a pas eu à supporter ça. Ce matin, comme tous les matins depuis quelques années (j'en tairais le nombre pour ne pas rompre le mystère qui auréole mon éternelle beauté cernée), ce matin donc, je me réveille. Et non seulement je me réveille, ce qui en soit est déjà un événement, mais de surcroit je me réveille en écoutant les infos. Erreur. J'apprends donc qu'un des manifestants de dimanche dernier a spontanément embrassé un CRS. J'ai un profond respect et une très grande admiration pour le travail qu'a fait la police que ce soit bien clair, mais là ça y est c'est fait, le plafond du ridicule est touché. Non, pardon, il est crevé. Il y a une semaine on vivait dans un monde de chacal, un monde où les CRS étaient des SS, un monde où les ados jouaient à Candy Crush vautrés sur les banquettes du métro pendant que les femmes enceintes se dandinaient dans tous les sens pour trouver 50cm2 de verticalité oxygénée, un monde où l'on ne se connaissait pas, où l'on se bousculait sans dire pardon et où l'on se fichait éperdument de Charlie Hebdo que de toutes façons on n'avait jamais lu. Et là, on embrasse un CRS comme un vieux pote à la fin d'une soirée de nouvel an. Viens ici mon poulet que j'te claque un bécot. J'te kiffe, et en vrai j't'ai toujours kiffé. Respect man. C'est quoi la prochaine étape? Les taxis vont arrêter de prendre des raccourcis qui rallongent? Les serveurs vont dire bonjour en entier? On va arrêter de dire connard quand on conduit? Moi je vote pour le bouquet de fleurs aux contractuelles. C'est pas facile de bosser sous la pluie et de se faire insulter tous les jours. Rappelez vous Marie Pervenche, sous sa panoplie de gendarme battait le cœur d'une femme…
Mais la question que je me pose en réalité est la suivante: Est-ce que tout cela va durer? (Très sincèrement je l'espère. Au moins jusqu'à 2017 en tous cas). Est-ce que Je suis Charlie va devenir une expression française ? Et dans ce cas, elle voudra dire quoi? Est-ce qu'elle voudra dire: Je suis gentil? Je suis compatissant? Je suis avec toi dans la douleur? ou Je me suis réveillé un peu tard mais ça y est j'ai compris?
Prenons un exemple très concret dans le quotidien de ceux qui vont avoir besoin demain et après-demain des Charlie d'aujourd'hui. Je rappelle qu'il s'agit des personnes nouvellement compatissantes/unies/solidaires/prêtes à tout pour construire main dans la main un monde meilleur où je suis l'autre et où l'exclusion est exclue. Bref, dans notre exemple un enfant handicapé veut jouer avec des enfants dit "normaux" (moi je dirais "banals") dans un square. Ces derniers le rejettent et partent en criant "Aaah v'la l'handicapé…". Est-ce que les parents vont enfin lever leur cul du banc en expliquant à leur mioches (qui ont probablement défilé place de la République) qu'ils ne sont pas très Charlie sur ce coup là?
Puisque maintenant nous sommes tous unis et solidaires, est-ce que cela inclus aussi la minorité dérangeante? Celle que l'on cache? Et puisque maintenant, Charlie Hebdo est le journal préféré de tous les français, même ceux qui n'en avaient jamais entendu parler ou qui crachaient dessus, est-ce qu'on peut espérer que le même miracle se produise pour les handicapés? Tout à coup non seulement on arrêterait de les prendre pour des animaux (petits châtons trop chou, ou rats dégueu), mais en plus on les aiderait vraiment. Pourvu qu'on n'aie pas à les buter pour ça.
Sur ce, bonne journée de la part de quelqu'un qui est quand même ravie que le monde soit un petit peu plus doux et civilisé.

mardi 9 décembre 2014

Molotov


J'étais dans un bar boisé très chic avec ma copine.
Nous buvions d'une façon très chic et non moins boisée des cocktails à base de champagne.
Hahaha, riâmes nous de bon cœur, comme cette plaisanterie est drôle et que tu es taquine!!!
Hihihi, badinâmes nous de concert, décidément tu es désopilante.
Et pendant que nous sirotions gaiement, et surtout très poliment, nos cocktails embullés, derrière nous gisait ce truc (je suis une mauvaise paparazzi il faudra faire avec. Désolée). Et là je m'interroge. Je pose mon verre, et je m'interroge. A quel moment cette femme s'est-elle changée en routier? Est-ce au moment où elle a commandé le triple sec alors qu'elle n'avait pas encore terminé le 4ème Martini? Ou peut-être au moment où Marco de la compta a proposé une tournée de shots. Qui sait… Impossible d'obtenir une réponse fiable car c'est au même moment que tous ses amis se sont fait la malle. Quoi qu'il en soit nous savons à présent que le truc mou est également un truc seul et c'est peut être pour ça d'ailleurs, qu'elle est devenue un truc mou.
Pour éviter d'y penser je concentre ce qu'il me reste de sobriété sur la séance de ciné qui approche à grands pas et que je risque de rater si ma compassion me pousse à prendre soin de Barbamama. 
Restons donc sur l'idée que le truc mou est mou car elle n'a aucun self control alors que tout le monde sait que c'est hyper facile. Il suffit d'écouter la petite voix qui vous dit "attache-toi les mains dans le dos, sinon tu vas griller en enfer". Exemple: vous êtes sur le point d'arrêter la clope. Non, non non. Hop Self Control car vous vous souvenez qu'à la dernière tentative vous avez pris 7 kilos, vous avez fait peur à un pitbull et vous avez perdu 3 amis. Voilà c'est mieux, reprenez une Camel sans filtre. Autre exemple: Saperlipopette des escarpins rouges pailletés comme dans le Magicien d'Oz, soldés à -50 et j'en ai même pas. Hop Self Control car vous vous souvenez qu'avec les escarpins rouges il vous faudra une robe tablier et un petit chien qui aboie tout le temps. No way. Et enfin: Omaïgode, Michael Fassbender entièrement nu, devant ma porte. Que faire? Self Control? Jamais de la vie, vous avez fait une OD au Doliprane ou quoi? ça va pas bien là dedans? Au contraire, jetez vous sur lui, mettez le couloir à l'envers et l'appartement sans dessus dessous, faites tout ce que vous imaginez et tout ce que la morale réprouve, puis chassez l'homme magnétique avant qu'il ne parte de lui-même (je dois vraiment expliquer ça?). C'est grâce à ce manque total de self control que vous pourrez apprécier tous les autres à leur juste valeur. Moi par exemple, j'ai re-eu une irrépressible envie d'escarpins rouges. Eh bien non, j'ai résisté, et si vous saviez à quel point je me suis sentie forte… à la limite du super pouvoir.
Alors lève toi et marche espèce de feignasse. 

jeudi 27 novembre 2014

Opérette de supermarché


Chaque jour apporte sa petite minute de joie mais aussi sa petite minute de "ah tiens si je me tirais une balle dans la bouche". Hier c'était mercredi ce qui pourrait être une joie en soi puisque c'est le jour des enfants. Donc mon fils était au centre de loisirs, ce qui implique que moi aussi sauf qu'on n'est pas centrés pareil et qu'on n'a pas les mêmes loisirs. Fin de journée, fin de la récré, il faut remplir le frigo, direction le supermarché. Là encore on pourrait déjà cocher la case mauvaise nouvelle. Tsstt, tsstt, tout doux bijou, on se calme. Un supermarché, c'est super, c'est écrit dessus. Il y a de super escalopes de poulet tellement super bien emballées qu'elles transpirent un jus qui ressemble à du blanc d'œuf, des super tomates qui resteront super rouges jusqu'à dans 2 semaines et même des super fraises à quelques pas des premiers calendriers de l'Avent. Super. Je remplis mon caddie jusque là et je passe à la caisse. Bonne nouvelle il n'y a que 2 personnes devant moi. Mauvaise nouvelle, la caissière aime l'opérette. Non, rectification, la caissière adore l'opérette, adore son boulot et a décidé de nous faire patienter en musique. Et la musique c'est elle. Une sorte de beatbox mais sans le beat. Un ersatz de mélodie réservé aux mélomanes, aux vrais de vrais. Cette fois, je pense qu'il est tout à fait approprié de me tirer une balle dans la bouche. Pan. Il semblerait qu'elle compose elle même ses chefs d'oeuvre car elle ne roucoule qu'en Mmmmmm. Sapristi, il lui manque un parolier. C'est fort dommage. J'aurais adoré l'entendre rouler les R et onduler de la glotte au rythme des bip bip. Aaaahhh, c'est l'ammoouurrrr qui vous amène à moiiiii. bip, bip, bip. Vous n'avez pas pesé vos oranges monsieur. Oui je vous attends. Mmmmm, l'ammoouurrrrr c'est un cadeau de la viiiii-euuuuu. Vous avez la carte Carrefour? Non? 23,15. Merci Monsieur, au revoir Monsieur. A nous. Bonjour Madame. Bip, bip, bip, Viens z'à moi mon n'amouuuurrr, je serais ton rrrrooocher…. Alors là d'accord. En revanche des Mmmmm pendant exactement 17minutes j'ai cru mourir. Mais le vrai problème dans ce genre de situation c'est que la caissière, même s'il est absolument évident que tout le monde a envie de l'égorger avec le premier emballage à ouverture facile qui passe, et bien cette caissière là vous êtes obligée de lui sourire sinon c'est vous la méchante. On n'aboie pas sur une ritournelle lorsqu'elle est offerte de bon cœur comme dirait l'autre. Du coup vous en venez à regretter la blonde d'en face. Celle qui ne dit pas bonjour. Celle qui vous jette la boite d'œufs au bout du truc en fer, et qui balance les boites de thon par dessus. Vous en venez à adorer la rareté du merci parfois même privé de sa première syllabe. Vous en venez à haïr cette pauvre femme qui préfère faire mmmmmm dans les courants d'air pour oublier qu'elle va soulever des pack de Cristalline jusqu'à 21h. Sale bête de caissière de mes deux. A cause de toi je déteste l'opérette, je te déteste et je me déteste de te détester. En plus je ne peux même pas retourner au rayon du chocolat pour me calmer parce que sinon je dois refaire la queue. Sadique.
Je paye, je franchis les portes automatiques aussi intensément que le gars de Midnight Express, et soudain mon esprit ivre de bonheur passe d'Alan Parker à Laura Ingalls. J'ai envie de courir et de sauter comme dans le générique de La Petite Maison dans la Prairie, mais sans la gamelle à la fin. A la place je m'installe au volant de la Modus, et pour me signifier que la médisance est vraiment un pêcher atroce, le petit Jesus place devant moi une voiture d'Auto Ecole. Alors pour passer le temps pendant que je remonte la totalité de la rue d'Alesia en 1ère, je chante:  Mmmmmmm mmmmm mmmm, viens z'à moi mon n'amouuuurrr, je serais ton rrrrooocher… Bitch!